Aller au contenu principal

L’agilité tactique

Propriétaire: Laurent Morisseau

  • Sommaire

L’Agilité Tactique : L’exécution de la stratégie business

La stratégie se décline en une trajectoire tactique. Une organisation n’est réellement agile que si son processus de décision tactique l’est aussi. C’est un catalyseur pour aligner dynamiquement la décision et l’action.

La place de l’agilité Tactique dans les niveaux de décisions

La place de l’agilité Tactique dans les niveaux de décisions

L’agilité tactique porte sur la capacité à changer ou répondre aux changements de manière appropriée et efficace au niveau de chaque unité tactique.

Tactique et agilité

Développement stratégique et alignement dynamique

L’agilité tactique vise à fusionner l’exécution stratégique et l’adaptation de la stratégie dans un processus adaptatif et continu : le développement stratégique. Loin d’être une simple mise en œuvre de la stratégie, elle permet d’ajuster en temps réel les actions et décisions en fonction des évolutions du contexte. Dans cette approche, la stratégie et son exécution ne sont plus dissociées, mais interconnectées pour permettre des ajustements rapides et efficaces.

L’agilité tactique est le rouage nécessaire pour assurer un alignement dynamique entre les décisions stratégiques et les actions opérationnelles, garantissant la cohérence des décisions prises à chaque niveau. Cet alignement est maintenu grâce à des boucles de feedback régulières et une transparence accrue dans le partage des objectifs et des résultats.

L’exécution stratégique ne se limite pas à une simple implémentation des décisions prises. Elle repose sur une boucle d’apprentissage rapide permettant de valider en continu les hypothèses stratégiques et d’ajuster les priorités en conséquence. Ainsi, l’exécution devient une opportunité d’amélioration continue de la stratégie.

Cependant, des obstacles persistent dans l’exécution stratégique :

  • Un accent excessif mis sur l'exploitation, au détriment du changement stratégique,
  • Une stratégie statique et peu pilotée, rendant difficile son adaptation en temps réel,
  • Un désalignement entre les initiatives locales et les priorités globales, entraînant inefficacité et perte de cohérence.

Pilotage par l’impact

Alors plutôt que de suivre un plan figé, l’agilité tactique privilégie un pilotage par l’impact, où l’objectif est de s’assurer que chaque action contribue réellement aux résultats. Le but est d’orienter les décisions en fonction de leur effet réel sur la stratégie globale. Ce changement implique :

  • Un passage du pilotage par projet à un pilotage axé sur l’impact réel des initiatives,
  • Une extension du pilotage par la valeur centré sur le produit vers une gestion stratégique des impacts globaux,
  • De laisser tomber le management par objectif rigide et descendant pour une approche souple et collaborative permettant une réorientation rapide des efforts.

Le suivi continu des actions et la mesure systématique de leurs effets permettent une exécution alignée et pertinente.

Rapidité d’exécution et feedbacks continus

L’agilité tactique repose sur une capacité d’exécution rapide et efficace des décisions stratégiques. Mais ce n’est pas suffisant, car les entreprises rencontrent trois écarts majeurs dans l’exécution :

  • L’écart de connaissance, où l’information disponible est insuffisante pour une prise de décision optimale,
  • L’écart d’alignement, où ce qui est prévu diffère de ce qui est réellement mis en œuvre,
  • L’écart d’effet, où les résultats obtenus ne correspondent pas aux attentes.

C’est pourquoi elle repose sur un système de boucles de feedback fréquentes pour mesurer l’impact des actions menées et ajuster en conséquence. Ces boucles permettent :

  • Une réévaluation des décisions en fonction des évolutions du marché.
  • Une amélioration continue basée sur l’apprentissage organisationnel.
  • Une adaptation des initiatives en fonction de leur impact réel.

Cadences imbriquées pour un alignement efficace

Pour orchestrer ces boucles de feedback, l’agilité tactique s’appuie sur un système de cycles imbriqués permettant des ajustements à tous les niveaux :

  • Revue stratégique annuelle : pour ajuster la stratégie globale,
  • Revue tactique trimestrielle : pour piloter l’adaptation des initiatives,
  • Revue opérationnelle hebdomadaire ou bimensuelle : pour assurer une exécution efficace sur le terrain.

L’articulation entre ces différentes cadences permet de créer un équilibre entre une direction claire et des ajustements continus en fonction des opportunités émergentes.

Éviter l’ajustement tactique permanent

Les entreprises évoluent dans un environnement incertain et volatile où les mouvements tactiques deviennent primordiaux. Loin des plans stratégiques rigides, ces ajustements continus et la capacité à réagir rapidement aux événements imprévus deviennent des leviers de compétitivité.

Cependant, si l’agilité tactique favorise l’adaptabilité, elle comporte aussi un risque : Une réactivité excessive peut entraîner une surréaction sans vision stratégique à long terme. L’agilité tactique est au service de la stratégie, pas une fin en soi.

Dans ce contexte, la confiance dans les équipes et dans le système organisationnel est essentielle pour garantir une exécution efficace. L’agilité tactique s’appuie ainsi sur une gouvernance flexible et un cadre clair permettant aux équipes de prendre des initiatives tout en restant alignées avec les objectifs globaux.

Les questions à se poser

Les principes de l’agilité tactique

Les enjeux

L’agilité tactique repose sur plusieurs défis majeurs :

  1. Une prise de décision réactive et éclairée
    • Ajuster rapidement la trajectoire en fonction des retours du terrain, en adoptant une approche empirique pour minimiser l'incertitude.
    • S’appuyer sur un modèle de gestion dynamique qui combine planification stratégique et adaptation en temps réel.
  2. Un alignement dynamique et continu avec la stratégie
    • Connecter les niveaux stratégiques, tactiques et opérationnels via des cycles imbriqués, garantissant la cohérence et la flexibilité.
    • Eviter le cloisonnement entre les unités tactiques en favorisant une gestion par les objectifs partagés et une capacité d’adaptation locale.
  3. Une délégation efficace de la prise de décision tactique
    • Responsabiliser les unités tactiques tout en assurant une convergence vers les objectifs globaux.
    • Développer des mécanismes de pilotage permettant aux équipes d’adopter une autonomie encadrée pour expérimenter et itérer efficacement.

La raison d’être de l’agilité tactique

L’agilité tactique fait le lien entre vision et terrain, permettant un ajustement rapide des décisions stratégiques à travers des actions concrètes tout en intégrant les retours du terrain pour affiner les orientations stratégiques.

Les caractéristiques

Il faut passer d'un processus annuel à un processus lui-même agile, pour répondre au changement plutôt que de suivre un plan ! Pour cela, les caractéristiques sont les suivantes :

**Pilotage par l’impact et adaptation rapide**

  • Les décisions ne doivent pas être évaluées uniquement sur leur exécution, mais sur la valeur générée.
  • Le suivi repose sur des résultats concrets et mesurables à travers des OKR pour guider et ajuster les initiatives tactiques.

**Alignement dynamique et ajustement continu**

  • Adopter un modèle d’ajustement tactique fréquent, plutôt que des plans rigides trimestriels
  • Mettre en place des cadences imbriquées, reliant les décisions stratégiques aux cycles opérationnels pour assurer fluidité et coordination.
  • Articuler les cycles tactiques avec les cycles stratégiques et opérationnels en intégrant des revues trimestrielles et hebdomadaires.

**Boucles de feedback rapides et itératives**

  • Instaurer un système de retour rapide permettant une évaluation et un réajustement constant des initiatives.
  • Travailler avec des informations limitées, favorisant la prise de décision rapide et l’expérimentation structurée.
    • Tester → Apprendre → Ajuster → Réitérer.

Délégation et autonomie tactique

  • Encourager la prise d’initiatives locale avec des marges de manœuvre claires pour tester rapidement leurs idées.
  • Développer la capacité des équipes à définir leurs objectifs et élaborer leurs propres plans d’action en cohérence avec la vision stratégique.
  • Autonomie encadrée : un cadre structurant est nécessaire pour que les décisions locales restent alignées et impactantes.

**Désengagement et priorisation proactive**

  • Apprendre à stopper les initiatives peu performantes et réallouer rapidement les ressources vers les actions à fort impact.
  • Critères clairs de priorisation :
    1. Alignement stratégique
    2. Impact potentiel
    3. Feedback terrain

Apprentissage tactique et amélioration continue

  • Développer une culture de l’expérimentation, où chaque initiative devient une opportunité d’apprentissage.
  • Capitaliser sur les retours d’expérience pour améliorer les pratiques futures et affiner les prises de décisions.

**Mobilité tactique et** Slack organisationnel

  • Favoriser la reconfiguration des équipes en fonction des besoins et des priorités émergentes.
  • Maintenir une capacité de manœuvre pour éviter l’engorgement et garantir une flexibilité tactique.

L’objectif final : Créer un cadre de délégation qui permette aux équipes de réussir. Les OKR sont un excellent outil pour structurer cette délégation et assurer une exécution cohérente.

Le rôle du management

Le management agile doit passer d’un modèle de contrôle rigide à une posture de facilitation et d’accompagnement actif. Son rôle est de :

  • Créer un cadre propice à l’autonomie des équipes : clarifier les objectifs tout en laissant les moyens ouverts pour être en succès.
  • Assurer l’alignement entre stratégie et exécution : éviter que la tactique ne se déconnecte des ambitions stratégiques.
  • Favoriser la culture de l’expérimentation : accepter l’incertitude et encourager les cycles d’apprentissage rapide.
  • Gérer les arbitrages et le désengagement : identifier les initiatives à stopper et celles à prioriser en fonction des résultats.

L’implémentation

Les points que nous allons aborder pour l’agilité tactique

  1. La gouvernance de l’agilité
  2. L'agilité organisationnelle au niveau tactique
  3. La transformation
  4. L’Agilité Tactique en action

🔑 Points clés à retenir

  • Fusion de l'exécution et de l'adaptation stratégique : L'agilité tactique permet de ne plus dissocier la stratégie et son exécution, mais de les interconnecter pour assurer des ajustements rapides et pertinents.
  • Pilotage par l'impact : Plutôt que de suivre un plan figé, il s'agit d'évaluer les actions en fonction de leur impact réel sur les objectifs stratégiques.
  • Boucles de feedback continues : Permet d'évaluer et d'ajuster les actions rapidement en fonction des retours terrain.
  • Alignement dynamique : Assure une cohérence entre les niveaux stratégiques, tactiques et opérationnels par des cycles décisionnels imbriqués.
  • Autonomie et délégation : Favorise la responsabilisation des unités tactiques pour adapter leurs actions en fonction des opportunités et des contraintes du terrain.
  • Cadences imbriquées : Organisation en cycles d'ajustement pour un suivi régulier et une réactivité accrue face aux changements.

💡 En résumé : L’agilité tactique repose sur un équilibre entre alignement stratégique, autonomie des unités tactiques, feedback rapide et priorisation continue. Elle est essentielle pour garantir une exécution agile et efficace dans un environnement complexe et évolutif.